Historique - Centre de St-Paul - 30ème anniversaire

 

 

L'église de Pierres

En 1970, une commission d'études est mise sur pied  pour le futur centre paroissial.

Quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout pour contribuer à leur bien. (St Paul - Rm. 8;28)

Longtemps, la chapelle St Barthélémy se trouva dans la verte campagne, hors les murs de Fribourg. La ville se développa surtout après la 2e guerre mondiale, notamment dès 1960. Les maisons et les immeubles poussèrent au Schoenberg comme des champignons. Si bien qu'aujourd'hui ce quartier est le plus important e la commune. Il compte aujourd'hui 8'332 habitants, de 92 nationalités différentes, avec six confessions connues ont déterminées, dont 4'934 catholiques. Le Schoenberg n'abrite pas de communauté musulmane constituée.

Dès 1958, la chapelle de la maison provinciale des Sœurs d'Ingenbohl devient l'église des fidèles du Schoenberg. Et bien vite s'imposera la besoin d'une église de quartier, tout en continuant à rester dans le giron de la paroisse St Nicolas, en bénéficiant du service de ses prêtres. En 1965, l'abbé Jean Ludin, auxiliaire à la cathédrale, est chargé du ministère du Schoenberg. L'an suivant, une assemblée décide d'y créer une communauté paroissiale.. Dès lors, la machine est en marche!

En 1970, une commission d'études est mise sur pied  pour le futur centre paroissial. Le Conseil paroissial de St Nicolas, la transforme le 18 janvier 1972 en commission de bâtisse, de 13 membres et présidée par M. Joseph Jungo. La commission visite de nombre d'églises récentes en Suisse. Elle opte pour une église simple et sobre et non pour satisfaire le fantasme d'un architecte. Elle donne un mandat à deux architectes du quartier: MM Michel Siffert et M. Georges Schaller. Après avoir vu les plans et maquettes des deux projets, le travail de M. Schaller est retenu le 5 décembre 1972. Il s'adapte à l'école de la Heitera dont il est l'auteur. L'architecte a également réalisé l'église du Lac Noir.

Le coût total est estimé à 4,5 millions de fr. Le temps et la raison aidant, il est décidé de réduire le volume de l'église pour accueillir 600 places et de renvoyer la construction de la cure à plus tard. Le 15 avril 1975, une nouvelle assemblée accepte ce plan réduit par 98 voix contre 1.

L'argent ne tombe pas du ciel. Le Conseil paroissial sollicite divers pouvoirs officiels. M. Philippe Vieli, président, pèse pendant huit ans sur l'heureuse évolution de la construction nouvelle. Cependant la population du Schoenberg tient à ne pas recevoir l'église en cadeau, mais veut aussi se l'approprier, en fournissant le maximum de fonds réunis par ses soins. Des quêtes spéciales dominicales apportent des montant appréciables. De plus, un grand loto et 5 kermesses géantes sont organisés avec enthousiasme par des centaines de bénévoles. Avec succès. Pour preuve, la première kermesse organisée début juillet 1968 rapporta 106'576 fr ! A cette occasion le Groupe des dames n'hésite pas à organiser un porte-à-porte dans le quartier et les localités voisines. Elles reçoivent des milliers de gâteaux, des pâtisseries, du fromage, de la viande, bref, les spécialités du pays à vendre aux stands des kermesses. Elles ne manquent pas de solliciter aussi un versement en faveur de la construction

Le terrain ayant été acheté, le premier coup de pioche est donné le 9 octobre 1975 et la bénédiction de la première pierre est assurée par l'abbé Schornoz, vicaire épiscopal, le 15 mai 1976. La pierre contient l'acte de fondation du nouveau Centre, des pièces de monnaie, un journal du jour en français et en allemand, la liste des groupements de la communauté, une cassette du premier concert du chœur mixte St Paul, sous la direction de Bernard Emonet.

L'adjudication des travaux donne lieu à des choix difficiles, tant est grande la concurrence sur le marché de la construction., entraînant parfois de violentes réactions. Le gros œuvre de la construction est confié à l'entreprise Beat Zurkinden

Après 17 ans de vie paroissiale chez les Sœurs d'Ingenbohl, un long cortège officiel amène les fidèles et les invités à la nouvelle église. Le 8 mai 1977, Mgr Pierre Mamie, évêque du diocèse, consacre l'autel du centre paroissial St Paul. Il rappelle : "Il ne suffit pas de construire!"

L'église assure un système polyvalent de manière à obtenir , grâce à une paroi coulissante, une salle séparée du chœur pour des assemblées paroissiales, des concerts, des soirées avec projections, etc. Cette paroi est appelée à être fermée en hiver du dimanche soir au samedi, afin d'économiser le chauffage. Peu à peu, l'église entière est réservée aux fonctions sacrées du lieu saint.

Dès 1986, une convention pastorale est signée entre les paroisses St Martin de Tavel et la Paroisse St Nicolas-St Paul pour accueillir les catholiques du quartier du Petit Schoenberg  au Centre St Paul, moyennant une légère indemnité. Les habitants du Petit Schoenberg n'en exercent pas moins leur droits civiques et s'acquittent de leurs obligations fiscales à Tavel.

Dans son assemblée du 24 septembre 1998, la paroisse décide de donner une nouvelle jeunesse au Centre St Paul, en créant une nouvelle chapelle mortuaire, une nouvelle sacristie au fond de l'église, et surtout une cure de 2 logements et d'un secrétariat commun pour les francophones et les alémaniques. Le projet retenu après un concours se révèle beaucoup trop onéreux. Aussi le Conseil paroissial confia-t-il une nouvelle étude à M. André Schenker, architecte. Elle est retenue et la réalisation est aussitôt confiée au bureau Andrey-Schenker-Sottaz, le tout pour un montant de 2, 58 millions de fr.

 

Les pierres de demain

Celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, ne peut pas aimer Dieu qu'il ne voit pas. ( I Jean; 4:20)LL'

 

Lors des événements majeurs de la vie, l'Eglise reste très sollicitée: pour les baptêmes, les premières communions, les mariages ou les enterrements. La foi chrétienne semble avoir subi la paralysie de l'indifférence et délaissé la pratique dominicale. Néanmoins, chaque être est toujours confronté aux questions liées à Dieu et au sens de la vie. Un tout récent sondage en Suisse témoigne du retour du religieux. Ainsi, 3 Helvètes sur 4 sont pour l'enseignement religieux à l'école. La Faculté de théologie de notre Université accueille environ 350 étudiants. La majorité des Suisses reconnaît que la religion procure des valeurs et une éthique pour la vie en société. Les questions spirituelles retrouvent de la vigueur. Au cours des prochaines années, le besoin de boire à la source d'eau vive ira en s'amplifiant. Aussi faut-il bannir le pessimisme et préparer demain. Certes, les ouvriers sont peu nombreux: ils seront à trouver patiemment et à former. Des priorités s'imposent:

 

  • la pastorale de proximité et le contact personnel mené systématiquement avec les non-pratiquants, les étrangers et les nouveaux arrivants; pourquoi pas organiser des apéros avec chacune des communautés étrangères les plus nombreuses?
  • les jeunes disparaissent de la vie paroissiale en entrant au CO: seuls d'autres jeunes, à la foi rayonnante et militante, sauront leur faire découvrir la source de l'Amour et en vivre en communauté; marches pascales, marches en montagne ou en un lieu de pèlerinage, internet et cinéma; mise en route d'une comédie musicale à caractère spirituel, etc
  • les fidèles de St Paul sont surtout suisses et romands. Or, les étrangers sont peu francophones, ils méritent des visites particulières, surtout les nouveaux arrivants. Des équipes spécialisées pourraient être constituées;
  • la formation des fidèles adultes est déficitaire ; pourquoi pas proposer à St Paul, des parcours de croissance, des parcours de parole, des retraites, comme à Ste Ursule? Les intervenants pourraient être des anciens du Schoenberg ayant déménagé; des personnalités externes;
  • il existe bien des aumôniers à Bellechasse, pour les gens du voyage, pour les handicapés, il est impossible d'avoir un prêtre pour chaque collectivité spécifique. Mais chaque croyant, devenu missionnaire par son baptême, doit témoigner par sa vie de la présence du Père. Il ne doit pas apporter le Christ, il est déjà là, en chacun. "Il n'est pas ici, il vous précède en Galilée". Alors, que les fidèles saisissent les occasions, naturelles et spontanées, pour parler du Père de tous les hommes et de son égal amour pour chacun.

Les témoins

L'amour ne passera jamais (St Paul 1 Cor 13;8)

La paroisse St Nicolas-St Paul n'a qu'un seul Conseil de paroisse et deux Conseils pastoraux. Les curés et vicaires de St Nicolas ont aussi participé, ponctuellement, à la pastorale de St Paul. La communauté St Paul est en fait une "paroisse" dans son fonctionnement et ses différents organes. Elle a même eu parfois un vicaire ou un animateur pastoral, notamment: l'abbé Pierre Bürcher, devenu évêque à Lausanne; l'abbé André Vienny; l'abbé Canisius Oberson; M. Pascal Desthieux (après une année à la mission de Bukavu), devenu curé de Romont; l'abbé Georges Meyer, auxiliaire à la retraite; M. Xavier Maugère.

Curés en charge de la Communauté St Paul

  • Abbé Jean Ludin, 1977 –1981
  • Abbé Bernard Grivel, 1981-1991
  • Abbé Denis Clerc, 1991 – 1999
  • Abbé Olivier Humbert, 1999-2005
  • Abbé Bernard Schubiger, 2005

Conseil paroissial responsable de la mise en route et de la construction de St Paul

  • M. Philippe Vieli, président
  • M. Ernest Gendre, vice-président
  • M. Bernard Clément, secrétaire
  • M. François Betticher, caissier
  • Mme Madeleine Sallin, membre

Commission de bâtisse constituée le 18 janvier 1972, dissoute le 8 mars 1978 après avoir tenu une cinquantaine de séances, comprenait une dizaine de membres, notamment

  • M. Joseph Jungo, président
  • M. Philippe Vieli, vice-président
  • M. et Mme Jérôme Marmy, secrétaires

Vitraux

  • Frise de 59 vitraux dessinés par le peintre fribourgeois Yoki et réalisés par le verrier Michel Eltschinger. Exprimant en couleurs la vie de Jésus depuis l'Annonciation à la gloire du Ressuscité, ils créent un climat méditatif et sacré.

Aménagement liturgique (autel, ambon, tabernacle, baptistère)

  • réalisé par les frères Emile et Louis Angéloz. Chaque élément joue avec trois formes dynamiques, variant avec la lumière, mais se fondant en une seule réalité, évoquant la Trinité.

Les orgues

Elles sont commandées en 1977 au facteur d'orgues M. Flügister, de Grimisuat, Valais.

Christ ressuscité

Cette sculpture transférée de la Clinique Ste Anne est inaugurée à Pâques 1998 et remplace la grande croix de bois fixée au mur.

Statue de St Paul

La communauté paroissiale vit sous le patronage de St Paul, nom choisi lors d'une assemblée spéciale en novembre 1969. Il a fallu attendre la Fête patronale du 28 janvier 2007 pour accueillir enfin une grande statue de St Paul à l'entrée de l'église, due aux artistes Philippe et Roberto Stuflesser.

Œuvre murale sur la façade de St Paul

Ces bas-reliefs en bronze composés de 8 silhouettes (anges, hommes, bateau) avec une citation de St Paul en français et une en allemand) soulignant la dimension spirituelle du lieu saint, en se basant sur la vie de St Paul. Ils sont dus à une artiste d'origine argentine, Virginia Muro, habitant Fribourg, fort connue internationalement. Cette oeuvre sera bénite le dimanche 3 juin 2007, lors de la célébration des 30 ans du Centre St Paul

Alleluia

Le compositeur André Ducret conçoit un alléluia spécial consacré à St Paul à l'occasion du 30e anniversaire du Centre.

Autres responsables

  • Dr Otto Jungo, président de la commission de l'orgue
  • MM. Romain Genoud et Bernard Bonin, présidents des kermesses, organisées en 1968, 1970, 1972, 1974 et 1976 et qui ont rapporté 381'827.30 fr pour la construction
  • M. Séverin Andrey, responsable des lotos

Comité d'organisation du 30e anniversaire du Centre St Paul

Présidé par M. Erwin Nussbaumer

"C'est partout le même Dieu qui agit en tous."

(St Paul, 1 Cor. 12;6)

Pierres vivantes

Il est plus facile de mettre Dieu dans les pierres et les orgues, que de le greffer dans le cœur des hommes tels qu'ils sont.

Toute communauté religieuse a besoin d'un lieu de culte pour se rassembler, prier, chanter, adorer, supplier, entendre la Parole de Dieu. Les catholiques aussi. Mieux encore: ils y célèbrent l'Eucharistie et les sacrements. Le bâtiment de l'église n'est pas visité que par les pratiquants et les croyants. Toute personne, quelle que soit sa confession, sa race, sa nationalité, son origine, s'y arrête aussi pour se "refaire" dans ce havre de silence et de paix. Nul ne pourra jamais comptabiliser les retournements intérieurs, les grâces reçues, les émotions ressenties, les nourritures spirituelles enregistrés à partir du Centre St Paul. Tout au plus. peut-on laisser parler quelques pierres vivantes, celles qui forment réellement l'Eglise.

La Feuille dominicale distribuée le jour de l'inauguration du Centre St Paul mentionne que ce jour de la bénédiction du lieu saint, le baptême a été donné pour la première fois à Laurence Pérona, JM Musy 5; Nicolas Godel, Eglantines 7; Isabelle Krummenacher, Riedlé 17 et Katinzcia Nuvolone, JM Musy 12. Les premières confirmations ont été données par Mgr Mamie, un mois plus tard, le 12 juin 1977.

Au départ, les jeunes s'engageaient avec enthousiasme dans la communauté: ils se chargeaient de visiter les personnes âgées, d'accueillir les nouveaux arrivants dans le quartier. La disco du samedi soir était très prisée: elle attirait dans les salles sous l'église régulièrement de 700 à 800 jeunes. L'abbé Vienny, récemment ordonné, n'avait pas assez de temps pour écouter et conseiller dans les problèmes de vie et de foi.

La Conférence St Vincent-de-Paul prit immédiatement un départ bénéfique. Et pour la première fois dans le pays de Fribourg, le groupe n'était plus exclusivement masculin, mais mixte. Il offrit des repas et des bons de repas aux plus démunis du quartier, la prise en charge de frais de loyer ou de soins, l'accompagnement administratif et juridique, etc.

Des dames et mamans catéchistes ont commencé d'assurer la catéchèse des enfants de 1e et de 2e années. Le Groupe des dames lance un service de dépannage très efficace.

De nombreux groupements ou sociétés démarrent : le groupe liturgique, la catéchèse familiale des parents des enfants de l'école enfantine; les mamans catéchistes annonciatrices de vraies catéchistes, le groupe SIMU (Solidarité-information à la Mission universelle; le groupe des jeunes; le groupe scout St Paul; le groupe des soupes de Carême; le Conseil de Communauté (depuis1977), le secrétariat des textes liturgiques rédigés en 4 langues pour les touristes des mois d'été, etc. Chacun à sa manière se met au service de la Bonne Nouvelle, l'incarne dans le quotidien et stimule la spiritualité des membres.

Une maman africaine a été baptisée avec 5 de ses enfants lors d'une veillée pascale. Mme Robette était marraine de la maman et d'une des filles. Le couple était en crise. Grâce à la voix d'un prêtre, il s'est recomposé, s'est marié religieusement, et fut comblé par un 7e enfant, celui de la réconciliation. Tous sont baptisés.

L'abbé Grivel accueille pour la première fois, lors de la semaine pour l'unité des chrétiens, des ministres féminins de l'Eglise réformée pour la prédication. Surprenante au départ, cette démarche s'avère une richesse.

L'abbé Murith, ancien curé de la cathédrale, a été durant 23 ans aumônier à la Résidence des Chênes, ainsi qu'un temps, à la route de Schiffenen, à la Rose des vents avec ses appartements pour personnes âgées. Il a été témoin de la fondation de mouvement La Vie Montante qui se réunit toujours un après-midi par mois. Il a vu grandir le Chœur-Mixte et notamment le Groupe des dames chargées de l'animation musicale et chorale lors des enterrements. En 1996, une crèche vivante animait la messe de minuit à St Maurice. Tous les personnages, du petit Jésus aux anges ou aux bergers étaient issus de la communauté du Schoenberg; il s'agissait de jeunes Suisses, Marocains,  Chiliens, Espagnols ou Italiens… Lors d'une célébration à la Résidence des Chênes, il a même baptisé un adorable garçon nommé Jésus !

Dieu est à l'œuvre dans le quartier du Schoenberg, mais il est difficile de le voir! Tout au plus peut-on le louer pour sa présence et son action "Je l'ai reconnu, avoue l'abbé Denis Clerc, quand des non-chrétiens, natifs d'autres pays, ont appelé à l'aide pour des voisins empêtrés dans des situations désespérées, telles celle des sans-papiers, des clandestins, des renvoyés. Des non-chrétiens ont montré le chemin de la cure à des étrangers nouvellement débarqués. La vie sociale, le Centre de loisirs, la Fête des peuples m'ont beaucoup appris sur la solidarité, la générosité, la capacité d'entraide des habitants du quartier de confessions différentes. Oui, Dieu est là et assure chacun de son Amour." Et chaque être reste libre de l'accueillir.

Mon souvenir le plus fort, dit l'abbé Desthieux, est la chorale des jeunes, montée avec  Sr Marie-Pascale: les longues discussions après les répétitions, la joie d'animer les messes et la satisfaction visible des paroissiens qui nous applaudissaient à la fin de chaque messe, la célébration télévisée. J'ai continué cette chorale encore deux ans après mon stage, ce qui m'a permis de venir au moins une fois par semaine au Schoenberg.

L'accueil évangélique s'impose dans le plus grand quartier de la ville, à forte population étrangère. En 2001, l'abbé Olivier Humbert a ouvert le centre paroissial pendant plusieurs mois aux sans-papiers, en estimant que devant Dieu, ils étaient des frères méritant une attention privilégiée. Cette démarche, prolongée partiellement par les Sœurs d'Ingenbohl, soutenue vigoureusement par les uns, rejetée avec force par les autres, a marqué, voire divisé profondément. Des personnes n'ont pas compris le sens de l'accueil de ces illégaux et ne sont tous revenus à la paroisse. Le temps est galant homme. Il saura refaire l'unité mise à mal.