Le Portail sud

Premier accès

Le portail sud ou portail du dimanche a longtemps constitué l'accès principal de l'église St-Nicolas. Sa construction a sans doute été entreprise vers 1340.

Tympan du portail sud

Il se présente entre les contreforts de la deuxième travée. Autour de la porte s'élèvent onze statues placées sur des consoles et encadrées de gâbles, surmontées d'une archivolte pourvue de petites statues. Au centre de la composition se tient la Vierge Marie, assise et couronnée, qui porte l'Enfant-Jésus dans une main et un sceptre fleuri dans l'autre ; son fils pose une main sur le sceptre et tient dans l'autre une colombe. De part et d'autre s'élèvent, du côté droit, les mages portant leurs présents (tympan) et les saintes Catherine d'Alexandrie et Barbe (jouée du contrefort) et, du côté gauche, saint Nicolas de Myre bénissant et deux des trois jeunes filles qu'il a sauvées et qui portent en main leur dot (tympan), la troisième se trouvant au côté de sainte Marie-Madeleine (jouée du contrefort). La voussure supérieure de l'archivolte représente Dieu le Père tenant un globe et entouré d'apôtres en buste tandis que la voussure inférieure représente saint Jean le Baptiste portant l'agneau mystique et entouré de prophètes en buste.

La peinture des statues a été refaite à plusieurs reprises. Actuellement, la pierre des statues est naturelle. 

Portail principal

Construction

La construction du portail principal a débuté vers 1380. Le modèle, comme pour la tour, a été l'église paroissiale de Fribourg-en-Brisgau mais aussi les cathédrales Notre-Dame de Paris et de Bâle, deux des portails de ces églises représentent un Jugement dernier.

Détails tympan

Le tympan est divisé en deux registres. Dans la partie supérieure se tient le Christ montrant ses plaies, assis au centre en juge des vivants et des morts, surmonté d'un dais. Il est entouré de personnages plus petits : du côté droit, saint Jean le Baptiste se tient en intercesseur tandis qu'un ange porte la croix et le fléau, entouré en haut et en bas de deux anges sonnant le jugement ; du côté gauche, la Vierge Marie se tient comme le Baptiste tandis qu'un ange porte la lance et les clous, lui aussi entouré de deux anges. Dans la partie inférieure est représenté le jugement proprement dit, non sans quelques particularités : une lésène centrale partage le registre – ce qui est peu courant – et l'ordre de lecture des scènes paraît assez aléatoire. A droite figurent des scènes de l'enfer : un ange emporte une âme, deux hommes ressuscités sortent du tombeau, un dragon, le cortège des damnés est conduit par un démon à tête de cochon vers un chaudron soutenu par un dragon et dans la gueule béante d'un monstre, sous le regard d'un diable velu et couronné. A gauche – c'est-à-dire à la droite du juge – apparaît une vision plus heureuse : saint Michel tient la balance qui pèse les âmes et qu'alourdit un diable, Abraham tient en son sein des élus, tandis que saint Pierre en conduit d'autres vers le paradis, dont il tient la clef. On a ajouté au XVIIe siècle une frise avec un texte séparant les deux registres et invoquant la protection de saint Nicolas de Myre sur la ville, citant le quatrième livre des rois (2 R 19, 34) : Protegam hanc urbem et salvabo eam propter me et propter Nicolaum servum meum (Je protégerai cette ville à cause de moi et à cause de mon serviteur Nicolas). La statue polychromée du saint, en tilleul, placée en 1769, a sans doute remplacé une statue gothique préexistante. Les trois voussures de l'archivolte contiennent de petites statues en buste, surmontées d'un dais : la première comporte dix anges, la deuxième douze prophètes, la troisième quatorze patriarches et figures féminines.

Piédroits et arcatures

Les piédroits des voussures et les arcatures des parois du porche comportent une annonciation et les douze apôtres : à droite, à la suite de la Vierge de l'annonciation, les saints Jean (calice), Thomas (lance), Barthélemy (instrument perdu, sans doute un couteau), Jacques le Mineur (massue), Jude-Thaddée (masse d'armes) et Matthieu (hache) ; à gauche, à la suite de l'ange Gabriel, les saints Pierre (livre), Jacques le Majeur (coquillage), André (croix), Paul (livre), Simon (livre et petite scie) et Philippe (croix). Ces statues ont été financées par des donateurs dont les armes et le nom apparaissent sur les consoles (refaites à la fin du XVIe siècle, parfois par d'autres donateurs). Elles ont été réalisées par étape, entre la fin du XIVe et la fin du XVe siècles. Les œuvres présentées actuellement sont des copies.

Portail principal

L'aspect du portail principal a changé plusieurs fois au cours des siècles. En 1787-1789, on procède à une restauration : le Jugement dernier, certainement en polychromie comme celui de la collégiale de Berne, a été recouvert d'une couche grisâtre rehaussée d'or ; les peintures représentant les saintes Barbe et Catherine, au-dessus des apôtres, ont été effacées ; les portes de style Renaissance de 1583 et les heurtoirs de bronze de la fin du XIVe siècle ont été réajustés. Au XIXe siècle, dans le cadre de la restauration néogothique de l'église, le décor maniériste du porche datant de la fin du XVIe siècle a été démonté et remplacé par des éléments dans le style de l'époque. Ces derniers ajouts ont été éliminés lors de la restauration de 1944-1945.

Portail nord

Pourvu d'un escalier monumental et d'une rampe en fer forgé, le portail nord a été aménagé entre 1761 et 1765. La gloire de l'archivolte a été réalisée par le sculpteur Dominique Martinetti.

 

Stalles et grilles du choeur

Histoire

Au XVe siècle, l'effectif des prêtres  – près de dix-huit en 1464 – permet l'introduction de la liturgie des heures ; un notable a d'ailleurs fait un legs en 1453 pour que l'heure de prime soit chantée. Des antiphonaires ont été commandés en 1458. Le mobilier liturgique le plus adapté pour chanter l'office divin consiste alors en des stalles, à l'instar de celles des monastères et chapitres de chanoines. Celles de St-Nicolas participent d'un ensemble de stalles dites savoisiennes ou savoyardes, réalisées entre 1449 et 1526 dans plusieurs villes du duché de Savoie ou sous son influence (Aoste, Saint-Claude, Saint-Jean-de-Maurienne, Genève, Lausanne, Romont, Fribourg, Hauterive, Moudon, Estavayer-le-Lac et Yverdon) ; parmi ces stalles, un groupe en particulier (Fribourg, Hauterive et Yverdon) a été réalisé par un même groupe d'artistes.

Aménagement

Les stalles de Fribourg sont les plus anciennes de cet ensemble savoisien et les plus anciennes stalles à personnages de Suisse. Elles ont été réalisées entre 1462 et 1465 par Antoine de Peney et son neveu Claude. Le ferronnier munichois Ulrich Wagner dresse en même temps la grande grille du chœur entre 1464 et 1466, ce qui nécessite une modification de la mise en place des stalles puisqu'on décide de ne plus aménager une seule mais deux portes dans les grilles. Deux modifications interviennent dans les siècles suivants : au XVIe, on ajoute sur les quatre colonnettes des jouées une Adoration des mages et deux reliefs représentant Adam et Eve remplacent la porte d'accès à la sacristie et  au XVIIe, le bois a été recouvert d'un vernis foncé, sauf les phylactères en bleu et les inscriptions en lettres dorées. Au XVIIIe, le bois a été entièrement recouvert de peinture brune.

Mise au tombeau

Oeuvre

La chapelle du Saint-Sépulcre abrite une œuvre d'importance européenne : un groupe de treize statues grandeur nature, en molasse polychrome, figurant la mise au tombeau du Christ après sa mort sur la croix. En fait, plutôt que la transposition de l'épisode transmis dans les évangiles, il semble qu'elle figure plutôt une « levée de corps ». Ce genre de représentation remonte à l'art byzantin de la fin du premier millénaire.

Particularité

La particularité de la mise au tombeau fribourgeoise tient à son caractère monumental et au fait qu'elle figure parmi les premières manifestations de ce genre en Europe. C'est sans doute Jean Mossu, bourgeois de Fribourg et recteur de la fabrique de St-Nicolas, qui est à l'origine et de la chapelle qui porte son nom et de cette mise au tombeau. La date de 1433, gravée sur la table du sarcophage, n'indique pas forcément la date d'achèvement du groupe. Le groupe de statues occupe l'emplacement actuel depuis 1942.

Scène de la mise au tombeau

La scène présente Joseph d'Arimathie (à droite) et Nicodème (à gauche), debout, en costume du XVe siècle, tenant un linceul sur lequel repose le Christ, vêtu d'un simple pagne. Derrière se tient sa mère éplorée, soutenue par l'apôtre Jean et entourée des deux autres Marie. Marie-Madeleine, les cheveux défaits, tient un flacon contenant les huiles nécessaires à l'embaumement. Sur les côtés, deux anges vêtus d'un habit liturgique portent les instruments de la passion (fléau, colonne, croix et clous). Devant la mise au tombeau se tiennent trois soldats endormis, en référence à l'évangile du matin de Pâques.

Chapiteaux

Construction

Parmi les chapiteaux inférieurs et supérieurs des piliers de la nef, on a repéré quatre groupes. Le premier date de la fin du XIIIe siècle et rassemble les chapiteaux des deux dernières travées de la nef, décorés de feuilles de roses, de vigne et de feuilles d'acanthes (le chapiteau comportant ce dernier décor, à côté de l'autel du Saint-Sacrement, d'inspiration romane, est le plus ancien). Le deuxième, du milieu du XIVe siècle, regroupe les chapiteaux inférieurs des travées. On y trouve plusieurs variétés florales (chêne, aubépine, érable, lilas, bourrache, etc.), ainsi que des créatures fantastiques et la légende d'Aristote et Phillis (à gauche du portail nord). Le troisième, de la fin du XIVe siècle, comprend les chapiteaux de la première travée dans un décor floral et historié. Les chapiteaux supérieurs de la nef sont rassemblés dans le dernier groupe, datant de la première moitié du XVe siècle, et présentent aussi un décor floral (houx, lilas, vigne, aubépine, etc.). Les motifs des chapiteaux ont été dorés sur fond noir au milieu du XVIIe siècle.

Autres oeuvres

Calvaire

Le calvaire placé sur l'arc triomphal, avec le Christ en croix, la Vierge Marie et saint Jean, date de l'achèvement de la nef, dans les années 1430. Les statues ne sont pas sans apparentement avec celles de la mise au tombeau. Conçues pour être vues de loin, elles ont échappé à la destruction de l'ancien chœur. La polychromie date de 1631, soit après l'achèvement du nouveau chœur ; c'est à cette même époque que la poutre de chêne a été peinte en bleue et ornée de l'inscription biblique (1 Co 6, 20) : Empti estis pretio magno ; glorificate et portate Deum in corpore vesto (Vous avez été rachetés à grand prix ; rendez gloire à Dieu et portez-le dans votre corps).

Fonts baptismaux

Les fonts baptismaux, un chef d'œuvre de la sculpture du gothique flamboyant, ont été réalisés entre 1498 et 1499. Placés à côté de l'actuelle chapelle de Notre-Dame-des-Victoires, ils sont constitués d'un bassin octogonal posé sur un pied en étoile ; les huit côtés du bassin, en demi-cercles, représentent le Christ, un ange portant sa tunique, saint Jean le Baptiste, les quatre évangélistes et saint Nicolas de Myre.

La chaire

La chaire, proche des fonts baptismaux par le style, accolée au deuxième pilier nord de la nef, a été réalisée entre 1513 et 1516. La cuve octogonale est ajourée et les consoles placées aux angles portaient six statues représentant saint Jean l'Evangéliste, les quatre docteurs de l'Eglise latine et saint Nicolas de Myre ; elles ont été retirées pour des raisons de sécurité. On accède à la chaire par une balustrade ornée d'un lion assis tenant l'écusson de Fribourg. L'abat-voix de style néogothique, ajouté en 1828, porte une statue représentant la foi et tenant une croix.

Bénitiers

On compte encore deux bénitiers de fer forgés, placés dans le narthex et datant de la fin du XVIIe siècle, et quatre confessionnaux de chêne, exécutés en 1759-1760 dans le style baroque.