Fondation

Histoire

En l'absence de charte de fondation, les recherches historiques ont retenu la date de 1157 pour la fondation de la ville de Fribourg par le duc Berthold IV de Zaehringen.

Le 6 juin 1182, l'évêque de Lausanne, Roger de Vico Pisano consacre l'église, qui était certainement encore en construction. Cette dédicace est rappelée liturgiquement le 26 août dans le calendrier diocésain. Contrairement à d'autres fondations semblables, l'église acquiert rapidement une certaine autonomie au plan canonique. Elle ne dépendra jamais d'une des paroisses alentours. 

Dédicace

Culte de Saint Nicolas de Myre

Une lettre écrite par le duc Berthold IV de Zaehringen au prieuré de Payerne en 1177 mentionne la fondation d'une église ayant Saint Nicolas de Myre pour patron (ci-contre : la statue de Hans Geiler, vers 1515). 

Un lien avec les chanoines augustins établis au col du Grand-Saint-Bernard par saint Bernard de Menthon au XIe siècle aurait déterminé le choix du saint patron. A cette époque que le culte de saint Nicolas de Myre a connu une importante diffusion sur les voies de communication du plateau suisse, d'autant que les chanoines y disposaient de plusieurs maisons, dont certaines dédiées à saint Nicolas comme Sévaz et Semsales. Un prieuré est d'ailleurs aussi attesté à Fribourg dès 1228.

Eglise paroissiale

Situation

L'église St-Nicolas occupe une place de choix au cœur de la nouvelle ville et constitue longtemps son seul sanctuaire paroissial, malgré l'établissement de plusieurs ordres religieux au cours du XIIIe siècle, en ville (franciscains, ermites de St-Augustin, hospitaliers de St-Jean) ou à proximité immédiate (cisterciennes de la Maigrauge). Ce n'est qu'en 1511 qu'une seconde paroisse est érigée dans l'église de la commanderie des hospitaliers de St-Jean, au bord de la Sarine. A l'extinction de la dynastie des Zähringen, en 1218, celle des comtes de Kibourg reprend la suzeraineté sur la ville et donc sur l'église St-Nicolas. En 1249, un document confirme les franchises de la ville, la Handfeste, qui laisse aux bourgeois le droit d'élire leur curé et d'être enterrés en ville dans le cimetière entourant l'église.

La situation change en 1277, lorsque la dynastie des Habsbourg obtient la suzeraineté et les droits. Il a fallu une trentaine d'années aux bourgeois de Fribourg pour les retrouver, à la faveur d'une crise dynastique, et la ville a sans doute été la première à pouvoir exercer en Suisse le droit de collature de l'église paroissiale. Entre-temps, les travaux de la nouvelle église St-Nicolas ont commencé. O s'accorde sur la date de 1283 pour situer les débuts du chantier de l'édifice gothique. 

Des fondations d'autels assurent dès le XIIe siècle les prébendes pour l'entretien des prêtres. En 1382, on compte sept vicaires, puis douze prêtres en 1417 et près de dix-huit en 1464, avec le même nombre d'autels, appartenant à des corporations et à des familles. L'église est pourvue d'orgues (1426-1428), de vitraux (1423 puis 1461-1462 pour la rosace) et de stalles pour le clergé (1462-1465). 

 

 

Eglise collégiale

Statut

A la fin du XVe siècle, plusieurs clercs de St-Nicolas cumulent des charges à Fribourg et dans d'autres villes tandis que des paroisses de la région sont incorporées à celle de St-Nicolas, de sorte que l'église paroissiale fonctionne déjà de facto comme une église collégiale. Ce statut, acquis par de nombreuses villes impériales à la fin du Moyen Âge, a été conféré à l'église St-Vincent de Berne en 1484, ce qui encourage les autorités fribourgeoises à entreprendre des démarches auprès du pape. En 1512, l'avoyer Peter Falk obtient le privilège du Pape Jules II, confirmé par son successeur Léon X.

Le Chapitre collégial de St-Nicolas est ainsi constitué : il compte trois dignitaires – un prévôt élu par le Conseil des Deux-Cents et investi par le pape, un doyen et un chantre – et douze chanoines. L'indépendance vis-à-vis de l'évêque de Lausanne est manifeste. Elle a été renforcée par la Réforme puisque même si Fribourg demeure catholique, elle aide les Bernois à prendre en pays de Vaud les possessions de l'évêque – en se servant aussi au passage. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, la Contre-Réforme s'appuye largement sur la collégiale St-Nicolas et son clergé, désormais l'une des principales institutions ecclésiastiques du diocèse de Lausanne. On entreprend une réforme du clergé, on renforce la vie spirituelle et on accueille les jésuites pour favoriser la création du collège St-Michel.

L'évêque de Lausanne, en exil depuis 1536, est enfin admis à résider à Fribourg en 1601, mais doit renoncer à toute prétention temporelle et ne disposera pas d'un véritable chapitre cathédral. Le Chapitre collégial de St-Nicolas assure cette prérogative sans disposer pour autant d'un tel statut juridique. La situation perdure jusqu'à l'invasion des troupes révolutionnaires françaises et la fondation de la République helvétique en 1798. Deux ans plus tard, canton et ville de Fribourg sont séparés : le premier conserve le bâtiment – ce qui est toujours le cas – et la seconde, son droit d'élection du curé. Les prérogatives de la ville ont été supprimées en 1894 et le curé est désormais élu par les bourgeois catholiques. En 1920, le conseil de paroisse prend le relais de la ville pour la gestion administrative et financière. De 1817 à 1915, plusieurs tentatives du chapitre, du canton et de l'évêque ont été entreprises pour régler la situation canonique de l'évêque, mais sans succès.

 

 

Eglise cathédrale

Chapitre cathédral

Ce n'est qu'en 1924 que la collégiale devient cathédrale du diocèse nouvellement nommé de Lausanne, Genève et Fribourg. Le chapitre collégial devient simultanément chapitre cathédral et remplace l'ancien chapitre du diocèse de Lausanne. La même année, le droit d'élection du curé est confié aux électeurs catholiques de la ville – privilège abandonné en 1972, suite au concile de Vatican II – et le chapitre doit céder ses droits sur les paroisses qui lui sont encore incorporées.

L'église St-Nicolas est restée le siège de la paroisse du même nom, mais son territoire a changé en raison de la création de nouvelles paroisses. Le quartier des Planches, avec l'érection de la paroisse St-Jean, a été détaché de la paroisse de Tavel en 1511, et la rue des Forgerons de celle de Guin en 1570. Le mouvement est relancé en 1872 avec la création des rectorats de St-Maurice, dans le quartier de l'Auge, et de St-Pierre, dans le quartier des Places – rectorats qui vont devenir paroisses en 1924 – puis l'érection des paroisses du Christ-Roi en 1943, dans le quartier de Pérolles, et de Ste-Thérèse en 1960.

La Cathédrale St-Nicolas constitue aujourd'hui le siège de l'évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, de son chapitre cathédral et de la paroisse St-Nicolas/St-Paul.